Mais pour ces marins, tous les Indiens étaient semblables et ils ne pouvaient pas, comme moi, faire la différence entre les tribus, les régions, les noms. Ils ignoraient que sur quelques lieues vivaient, juxtaposées, plusieurs tribus différentes et que chacune d’elles étaient non pas un simple groupe humain ou la prolongation numérique d’un groupe voisin mais un monde autonome avec ses lois propres, son langage, ses coutumes, ses croyances, vivant dans une dimension impénétrable aux étrangers. Ce n’étaient pas seulement les hommes qui étaient différents, mais l’espace, le soleil, la lune, les étoiles. Chaque tribu vivait dans un univers singulier, infini et unique qui ne recoupait aucunement celui des tribus voisines.
L’ancêtre (1983)
Citations de Juan José Saer
Juan José Saer